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Martin Brûlé Studio — La forme du silence

  • AMPM
  • 24 oct.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 oct.

Naissance d’une voix silencieuse

Avant d’ouvrir son studio à New York, puis à Paris, Martin Brûlé a d’abord appris à regarder. Non pas dans les livres, mais dans la matière. Dans la lumière du Nord, dans le grain des murs anciens, dans le silence des musées.


Autodidacte, il s’est formé hors des écoles : entre l’atelier et la rue, entre la main et la mémoire. Le modernisme lui a offert la rigueur ; l’artisanat, la sensualité. Son regard s’est nourri de contrastes de la pierre polie et du métal brut, du geste sûr et de l’imperfection assumée.


En 2016, il fonde Martin Brûlé Studio, installé aujourd’hui entre New York, Paris, Miami et Montréal. Un studio à son image : instinctif, mesuré, traversé par le temps. Son œuvre circule à voix basse. Les collectionneurs la reconnaissent, les architectes la comprennent. On y trouve moins une esthétique qu’une écoute : celle d’un design qui perçoit avant de parler.


Photos : Martin Brûlé Studio, 2024.


Le silence comme point de départ

Dans les intérieurs signés Martin Brûlé Studio, le silence n’est pas absence, mais matière. Il sculpte l’espace, adoucit la lumière, impose le rythme. Chaque élément (un rideau, un mur, une poignée) semble avoir trouvé sa place avant même d’être pensé.


Rien ne cherche à briller, et pourtant tout attire le regard. Les lignes sont simples, les volumes précis, la palette retenue. Ce n’est pas un minimalisme, mais une forme d’équilibre : une façon d’habiter le vide avec soin.


Dans un monde saturé d’images, Martin Brûlé propose une esthétique du calme. Un design de respiration.


Photo : Matthieu Salvaing / Martin Brûlé Studio, Paris, 2024.


L’instinct comme méthode

Chez lui, l’instinct précède la règle. Le plan s’efface devant la sensation. Un déplacement, une ombre, une variation de lumière : tout devient signal.


Brûlé parle souvent de danse : celle entre le clair et le sombre, le chaud et le froid.Il compose par contraste, jamais par symétrie. Ses intérieurs semblent mouvants, comme si l’air y circulait autrement.


Cette intuition maîtrisée crée des espaces où le regard s’apaise. Le désordre y est savamment réglé, la tension discrète, la beauté immédiate.



La matière comme langage

Les murs, chez Brûlé, ne se contentent pas d’être droits : ils respirent. Chaux, pierre, lin, bois brossé : autant de textures qui absorbent la lumière et retiennent le temps. La matière est une mémoire, non un décor.


Aucune surface n’est lisse. Les imperfections deviennent accents, les gestes visibles, ponctuations. On ne peint pas, on effleure ; on ne couvre pas, on révèle.


Dans cette attention au grain, au toucher, à la main, se cache l’âme du studio. Un luxe archaïque, discret, presque silencieux.


Photos : Adrien Gaut / Martin Brûlé Studio, pour Elle Decor, 2024.


Inspirations et collaborations de Martin Brûlé Studio

Chez lui, les influences ne sont jamais revendiquées : elles se devinent. Elles traversent les siècles et les continents : de l’Art déco à l’architecture japonaise, du mobilier moderniste aux arts premiers. Brûlé cite volontiers Pierre Chareau ou Jean-Michel Frank, mais aussi les artisans anonymes dont il admire le geste.


Cette fascination pour la matière et la forme l’a conduit à des collaborations précieuses. En 2025, il signe avec Norki une installation au Nomad St. Moritz : un dialogue entre design et fourrure naturelle, entre froid et chaleur. Quelques mois plus tard, la Galerie Lucas Ratton à Paris lui confie une carte blanche : une scénographie autour de l’art africain et du mobilier moderniste.


Ces projets disent beaucoup de sa vision : un goût du contraste, de l’épure, du mélange d’époques et de cultures. Chez Martin Brûlé, le beau naît du frottement, pas de la perfection.

Photo : Martin Brûlé Studio, 2024.


L’espace comme récit

Un intérieur n’est jamais un décor. C’est un récit : parfois visible, souvent suggéré.


Dans une maison de la Hudson Valley, un fauteuil moderniste dialogue avec un miroir du XIXᵉ siècle. À Montréal, un appartement patrimonial s’ouvre sur des lignes contemporaines, où chaque détail semble respirer la mémoire du lieu.


Brûlé compose des espaces comme on écrit une biographie : par couches, par silences. On y devine des vies, des gestes, des histoires. Chaque pièce devient un chapitre, chaque lumière une voix.


Photo : Adrian Gaut / Martin Brûlé Studio, Hudson Valley, 2024.


La retenue comme signature

Tout, chez Martin Brûlé Studio, relève de la retenue. Une retenue qui n’efface rien, mais qui ajuste tout. Dans ses intérieurs, le vide a du sens, le calme du poids, la lumière une exactitude presque musicale.


Le studio n’impose pas : il suggère. Il ne cherche pas à séduire, mais à durer. Chaque projet semble suspendu dans une clarté lente, comme si le temps lui-même y respirait.


Et c’est peut-être là sa véritable signature : la forme du silence comme manière de penser, la mesure comme forme de beauté.


Dans un monde qui confond souvent richesse et abondance, Martin Brûlé rappelle que le raffinement tient dans le peu : une lumière juste, une texture vraie, un espace qui se tait.

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