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Chez Céline, l’architecture selon Hedi Slimane

  • AMPM
  • 28 mars
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 avr.




Quand la boutique devient manifeste

Pousser la porte de la boutique Céline, rue de Grenelle, c’est franchir un seuil. On quitte la rue. Le monde s’efface. Le marbre absorbe le pas, les murs murmurent un silence sculpté. Chaque reflet semble retenu. Ici, le temps ralentit, et l’espace devient regard.


Depuis son arrivée en 2018 à la tête de Céline, Hedi Slimane n’a pas seulement réécrit les codes stylistiques de la maison. Il a reconfiguré son architecture. Chaque boutique devient un manifeste silencieux, une extension physique de son esthétique — rigoureuse, sensorielle, radicalement contemporaine.



Je vois les boutiques comme des lieux où l’on respire. Où les objets, les vêtements, les œuvres peuvent exister dans leur propre silence.

— Hedi Slimane



Une architecture comme prolongement stylistique

Hedi Slimane conçoit l’espace comme un langage. Déjà chez Dior Homme ou Saint Laurent, il imposait une architecture faite de tension et de silence. Chez Céline, cette vision se précise. Elle s’épure. Elle s’impose.


Les matériaux — marbre Grand Antique, bois noirci, béton poli, acier, travertin — parlent une langue dense et précise. Le mobilier, souvent dessiné par Slimane lui-même, évoque le modernisme français, le minimalisme brutaliste ou l’abstraction géométrique. La lumière, tranchée et directionnelle, révèle plus qu’elle n’éclaire.


Rien n’est ornement. Tout est structure.




Trois boutiques, trois partitions

Rue de Grenelle, Paris

Dans cette adresse parisienne, Slimane installe son vocabulaire avec précision. Le mobilier dessiné sur mesure dialogue avec des pièces vintage françaises. Le marbre y est mat, les lignes ciselées. L’atmosphère est feutrée, presque monacale. On est invité à ralentir, à regarder.



Miami Design District

Un espace sculptural où l’architecture devient presque musicale. Le travertin, les jeux de lumière, les perspectives dessinées à la règle composent un lieu à la fois galerie, scène et sanctuaire. Ici, le vêtement devient œuvre silencieuse.



Rue Saint-Honoré, Paris

Couture, accessoires, maroquinerie — tout y est mis en scène avec une rigueur spectaculaire. Escalier hélicoïdal en laiton, murs géométriques en miroir, volumes suspendus. On ne pénètre pas : on est happé.




L’art comme résonance : le Celine Art Project

Mais ces lieux ne vivent pas que de lignes et de matières. Depuis 2019, ils sont aussi habités par des œuvres. Avec le Celine Art Project, Slimane a voulu faire entrer l’art dans l’espace, non comme un décor, mais comme un dialogue.


À New York, une sculpture en acier de James Balmforth se dresse comme une faille. À Miami, Antonia Kuo dépose une céramique vibrante — “Turbine” — qui semble flotter entre deux mondes. Le vêtement, l’œuvre, l’espace : tout entre en résonance.


Chaque pièce artistique renforce ce que Slimane cherche à dire sans mot : le luxe n’est plus dans l’objet, mais dans le regard qu’il demande.




Une expérience contemplative

Les boutiques Céline ne vendent pas. Elles orchestrent. Elles installent une lenteur, une gravité. Le client n’est plus spectateur. Il devient visiteur, presque collectionneur d’instant.


Dans un monde saturé, ces lieux offrent une pause. Ils rappellent que le luxe peut être un silence, un vide maîtrisé, un détail vu de près. Un seuil franchi avec attention.




L’empreinte Slimane

Hedi Slimane a quitté Céline en octobre 2024, mais son architecture demeure. Dans chaque miroir anguleux, chaque bloc de marbre, chaque volume suspendu : un vestige de sa rigueur, de sa tension.


Aujourd’hui, parcourir une boutique Céline signée Slimane, c’est encore entrer dans un monde. Un monde de silences, de pierres lourdes et de gestes fins. Là où le vêtement attend, posé comme un écho. Là où le luxe ne dit rien. Il s’efface, et il reste.


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